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Tribune: Europe: et maintenant, qu’est-ce qu’on fait?


Un sujet fondamental

Le sujet de l’Union Européenne est un sujet difficile à aborder puisqu’il ne peut se réduire à un thème comprenant plusieurs problématiques. Il s’agit plutôt d’un élément, d’une compréhension, d’un projet impactant tous les autres. La construction et l’organisation européenne ne sont pas des points appartenant au débat politique national mais bien des conceptions articulant les débats politiques nationaux traitant entre autres de l’économie, de la politique extérieure ou encore de l’emploi.

C’est aussi un des sujets les plus mal traités et maltraité par les médias. Hommes et femmes politiques, journalistes multiplient les erreurs factuelles et les mensonges, propageant simplifications, approximations, idées reçues et il y a malheureusement que trop peu de voix pour les contredire.

Le projet européen : Où en est-on ?

Avant de revêtir la dimension principalement économique que nous connaissons aujourd’hui, le projet européen incarnait un idéalisme, un projet politique novateur, source d’espoirs, et ce depuis le 16ème siècle. La construction européenne s’est concrétisée sur les ruines et les cadavres du second conflit mondial. La construction européenne, inspirée par des valeurs humanistes, la paix, l’amitié et la coopération, a accompagné la reconstruction prospère du continent. Ira-t-on jusqu’à dire qu’elle a bénéficié de l’essor du capitalisme ?

Placer la construction européenne dans le cadre économique, gagnant de plus en plus d’importance, véritable nerf de la guerre, hors de la sphère politique était un choix assumé de la part de ses acteurs. Ces dimensions économique et industrielle du projet se sont révélées être les véritables moteurs de la construction de politiques européennes et l’élargissement de ses frontières. Cependant, depuis 1992, Maastricht et dans un contexte économique de plus en plus difficile, on assiste à un essoufflement de ce développement.

L’UE d’aujourd’hui est associée au mot « déficit », déficit budgétaire bien entendu, mais aussi déficit démocratique. Il apparaît que si le développement économique, financier et monétaire, avec son plus grand symbole qu’est la monnaie unique, a pu aboutir à la réalisation d’un véritable édifice européen, bénéficiant d’une certaine stabilité quoique l’on en dise ; tel n’est pas le cas dans les autres domaines. Ses fondations démocratiques et sociales sont à peine entreprises.

Le moteur économique a permis une intégration rapide des espaces et des peuples, et cela fonctionnait dans le contexte de prospérité de la deuxième moitié du siècle dernier. Mais les difficultés économiques d’abord, aujourd’hui étendues à la précarité de la situation des peuples européens d’une part et de leurs voisins d’autre part montrent que l’intégration économique couplée à un embryon d’intégration politique ne peuvent parvenir à apporter une réponse suffisante.

Le projet européen apparaît aujourd’hui coincé entre deux concepts par nature opposés : la souveraineté nationale, nourrie par la pensée que le repli permet de récupérer une maîtrise complète sur son espace national fermement limité ; et la coopération vers la poursuite d’une construction réellement et effectivement intégrée en se fondant sur la mise en commun des moyens, nécessitant de dépasser ce concept de souveraineté nationale.

Désunie dans la diversité ou unis dans l’adversité?

Qu’en pense le MoDem ?

  • Elire un président de l’Union européenne au suffrage universel;

  • Faire respecter le pluralisme au sein de l’Europe et l’égale dignité de tous;

  • Renforcer l’importance, la légitimité des débats du Parlement européen;

  • Reconnaître la zone Euro, comme une zone de solidarité et permettre à la Banque centrale européenne (BCE) d’intervenir, directement ou par un organisme interposé, lorsque les Etats ont besoin de refinancer leur dette, avec des contreparties de remise en ordre de leurs finances;

  • Favoriser l’émergence d’une Agence de notation européenne et la création d’un régulateur financier européen unique;

  • Permettre à la Cour des comptes européenne de vérifier la véracité des chiffres des comptes publics fournis par les Etats-membres, par l’intermédiaire d’Eurostat;

  • Mettre en place une Commission parlementaire de la zone euro composée de parlementaires nationaux et de députés européens;

  • Soutenir que l’Europe a besoin d’indépendance stratégique et lui donner une stratégie industrielle (politiques de recherche dans des grands programmes définis ensemble);

  • Orienter la politique énergétique européenne vers une politique de lutte contre le rejet de gaz à effet de serre;

  • Construire une vraie politique étrangère européenne qui fasse avancer nos valeurs;

  • Promouvoir une harmonisation du droit des étrangers et du droit d’asile et créer un corps européen de garde-frontières;

  • Préparer une action efficace d’aide au développement des pays les plus pauvres de la planète – ceci doit être une grande tâche européenne – qui va imposer un changement de conception du commerce international.

  • Bâtir une politique commune de la défense en Europe, pour que nous soyons capables de nous défendre ensemble.

Et le reste de l’échiquier politique français ?

FN

  • Restauration complète de la souveraineté nationale par le biais de la renégociation des traités ;

  • Retrouver la maîtrise des frontières nationales, « association libre » d’Etats ayant les même vision/intérêts sur des sujets tels que l’immigration, les échanges extérieurs ou la circulation des capitaux ;

  • Rétablir la primauté du droit national sur le droit européen ;

  • Sortie de l’Euro pour retrouver la maîtrise de la monnaie et de la politique monétaire nationale ;

  • Promouvoir les grands projets européens innovants, au service des peuples, bâtis à partir de partenariats volontaires, (ex : Ariane ou Airbus), indépendants des institutions communautaires ;

  • Que la contribution nette de la France au budget européen soit nulle, afin de dégager des marges pour le soutien notamment de l’agriculture française.

PS

  • « L’Europe, une intégration solidaire », le PS « profondément attaché au projet de construction européenne » ;

  • Promouvoir l’action politique au niveau international pour faire face aux pouvoirs conservateurs et ultra-libéraux ;

  • Promouvoir une Europe sociale et politique : aller plus loin qu’un espace de libre-échange économique  et financier sans règles, ni protections sociales ;

  • Le PS a soutenu l’adoption du Traité budgétaire européen et soutient la mise en place du Pacte pour la croissance, la taxe sur les transactions financières et la supervision bancaire : vers plus de régulation ;

  • « Intégration solidaire » grâce à une gouvernance économique permettant de promouvoir une politique de croissance durable.

LR

  • La création d’un président du gouvernement économique européen

  • refondation de l’Europe de Schengen : suspension des Etats non capables de contrôler l’afflux massif de migrants

  • Création d’une agence européenne de l’asile

  • Harmonisation des prestations sociales pour lutter contre une circulation des travailleurs non régulée et le tourisme médical

  • Contre la réouverture du processus d’adhésion de la Turquie à l’Europe.

Les pistes de réflexion au niveau des Jeunes Démocrates :

  • Un atout trop peu utilisé : YDE

  • Un service civique européen pour promouvoir le déplacement des jeunes, leur implication en Europe, leur permettre d’acquérir une expérience internationale.

  • Introduire une meilleure connaissance des institutions européennes dans les programmes scolaires – notamment en informant  les professeurs sur l’offre nombreuse de matériel pédagogique gratuit, ludique et très efficace

  • Faire un BAC européen

  • Relancer Erasmus

  • Créer un impôt européen

  • Action militante : lancer un référendum européen sur un sujet mobilisateur comme la création d’une protection sociale universelle européenne

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

L’Europe est à la croisée des chemins. Affaiblie par la crise financière, bousculée par la crise grecque, elle vient une nouvelle fois d’afficher sa faiblesse en cédant face aux revendications du Royaume-Uni, ouvrant la voie à une Europe à plusieurs vitesses dans laquelle la menace et le chantage ont pris le pas sur le dialogue et la coopération. Dans cette situation comme dans la crise des migrants, l’Union fait la preuve de sa désunion et de son incapacité à apporter une réponse commune et à la hauteur des enjeux. C’est de cette façon qu’à petit feu, elle disparaît.

Plus que jamais il nous revient à nous, Jeunes démocrates, européens par nos vies autant que par nos convictions, de nous remettre à penser l’Europe. Non pas pour ce que nous voulions qu’elle soit, mais pour ce qu’elle est aujourd’hui. Parce que nous défendons cette idée depuis sa création, c’est à nous qu’il revient de proposer des solutions concrètes et des choix clairs pour son avenir !

Juliane Henry

Manuela Brillat

Pierre-Jean Laborie

(Tribune réalisée dans le cadre de La Relève Démocrate )

 

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