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Non, il ne faut pas repenser l’offre politique en termes d’indignation et de colère, mais plutôt en termes de rassemblement et d’apaisement

 

Tribune d’Emile Lusignan

Animateur Régional des Jeunes Démocrates de Nouvelle Aquitaine

 

Il y a deux mois, l’AfD, parti populiste néo-fascisant allemand, xénophobe et tendanciellement antisémite, obtenait 12,6% des voix aux élections législatives, soit 94 sièges au Bundestag. Au-delà du cas allemand, nous voyons bien aujourd’hui en Europe le spectre de l’extrême droite nous revenir dans la figure. Or, si l’on ne veut pas entendre à nouveau le vol noir des corbeaux sur la plaine, il faut le combattre. C’est précisément ce que nous, Jeunes Démocrates, nous attacherons toujours à faire.

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Philosophie Magazine, dans un récent article intitulé « L’alternative colérique pour l’Allemagne », relate des propos de Marc Jongen, idéologue de l’AfD. C’est ce même article qui a inspiré cette tribune en réaction à une proposition aux antipodes de ce en quoi je crois : l’idée de créer une nouvelle offre politique basée sur la colère.

Expliquons-nous. Cette « alternative colérique », fait écho au nom du parti AfD (Alternative für Deutschland). Il convient tout d’abord d’insister sur le fait que c’est un parti d’extrême droite qui se revendique comme tel, et se pose ouvertement contre l’accueil des réfugiés en Allemagne (c’est même son fonds de commerce). Marc Jongen lui-même se justifie en affirmant « A première vue, 1 million de réfugiés cela ne semble pas être un danger pour un peuple de 80 millions. Mais si l’on considère les 25-35 ans, il s’agit de1 million contre 4,5 millions de jeunes hommes. Pour la population allemande c’est une transformation sans précédent, un viol du peuple allemand ». Il faudra expliquer, Monsieur Jongen, comment vous pouvez affirmer que le million de réfugiés ne se compose que d’hommes âgés de 25 à 35 ans, puisqu’au lieu de comparer ce chiffre à la population totale vous mettez le focus sur cette portion bien précise.

Rappelons à toutes fins utiles que le Front National est proche de l’AfD, et que Marine Le Pen s’est montrée satisfaite de cette entrée massive de députés d’extrême droite au Bundestag (une première depuis 1945 !).

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Revenons à la pensée même, qui est la raison de cet article : « l’alternative colérique ». Marc Jongen avance la théorie que depuis environ 25 ans et la fin du communisme, qui incarnait pour lui une « banque mondiale de la colère où chacun pouvait déposer ses émotions », la seule offre politique comparable restait l’islam radical. Notre idéologue se propose donc de créer une nouvelle offre dans laquelle il s’agirait de canaliser les colères. Il affirme ainsi qu’il faut « repenser la politique en termes d’indignation et de colère ». Eh bien nous, Jeunes Démocrates et jeunes de toute l’Europe, disons non, il ne faut pas repenser l’offre politique en termes d’indignation et de colère, mais plutôt en termes de rassemblement et d’apaisement.

Nous partageons tout de même un constat : les problèmes profonds de nos systèmes, longtemps cachés, remontent aujourd’hui à la surface et appellent des réponses. C’est tout le sens de ce qui s’est passé en France avec l’élection d’Emmanuel Macron et la victoire de l’alliance En Marche – Mouvement Démocrate aux élections législatives. C’est aussi le sens de l’existence de l’AfD selon Marc Jongen qu’il veut comme « un symptôme et une réponse au retour des grandes questions ».

En revanche, la réponse que nous souhaitons voir apportée à ces problèmes qui remontent à la surface est absolument, radicalement différente. Affirmons-le courageusement, on ne peut pas, dans une démocratie telle que nous en connaissons en Europe, se proposer de gouverner sur une base de passions aussi néfastes que la colère, la haine, le rejet. Ce sont ces mêmes passions qui nous ont conduits et nous reconduiront à la guerre, civile d’abord, extérieure ensuite. Nous ne pouvons laisser le citoyen du XXIème siècle se faire avoir à nouveau.

 

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